La démarche de Philippe Charles trouve sa source dans un cheminement personnel qui l’amène dans un premier temps à traiter des dichotomies fondamentales de l’existence tels que l’état de vie ou de mort, déclin ou renouvellement, assimilation ou résistance… Après quelques années de peinture et de sculpture, Philippe Charles développe un travail artistique tourné vers l’installation au sein duquel le médium vidéo s’affirmera comme central. Progressivement l’installation devient un travail de mise en scène de prises de vue, opérant progressivement une disparition de l’objet sculpté ou peint, pour ne laisser place qu’à l’essentiel : une quête aigüe de sens d’un artiste dans et face au monde. Cette mise en question de l’objet ainsi que sa disparition sont prolongées par un questionnement direct de l’humain – en tant qu’il appartient au monde, y contribue, dans un environnement parfois hostile, avec des limites qui lui sont imposées et dont le sens nous échappe. Proposant ses mises en scène comme des espaces « énigmatiques » tissant de multiples associations, la première approche des œuvres de Philippe Charles peut déconcerter. Après cette première approche, parfois inquiète, nous percevons sa quête : se transformer pour poursuivre un chemin d’être en perpétuel ajustement, échapper à la sclérose, favoriser la rencontre, la régénération. Tels sont les questionnements auxquels nous sommes confrontés au contact des œuvres de Philippe Charles. Une démarche artistique puissante, humaine, spirituelle qui se préoccupe peu de l’art en soi mais vit l’acte artistique comme moyen de recherche de et sur soi ainsi qu’une proposition d’un juste positionnement au monde. Cette quête l’amène à s’intéresser aux cultures chamaniques, dont ses dernières œuvres sont empruntes. L’objet ressurgit, en tant que médiation, à percevoir non seulement à travers son aspect esthétique mais avant tout à travers un usage que chacun est invité à expérimenter. Philippe Charles nous convie ainsi à une écoute aiguë de sensations infimes, expression de notre intériorité, de notre relation au lieu et à ce qui l’habite. Ses œuvres proposent de s’accorder une parenthèse, de se détacher de l’agitation du quotidien, des multitudes de pensées qui nous envahissent sans cesse, pour s’ouvrir à l’instant. Dans les œuvres récentes de Philippe Charles, le site (filmé ou lieu d’implantation) occupe une place déterminante, paysage à contempler, ainsi que lieu ressource où notre conscience est invitée à faire un voyage.